Comme
d’autres, j’ai étudié le fameux covfefe
échappé par Trump. Vu son Q.I., je me suis douté qu’il s’agissait d’un code
mnémotechnique fourni par ses conseillers, peut-être même celui du séquençage présidentiel
de lancement de missiles.
Toujours
est-il que j’aime les défis et la symbolique. En me penchant sur la question,
j’ai découvert des choses étonnantes ! Covfefe
pouvait se décoder ainsi :
— en
numérologie : 3646565,
— selon la kabbale (avec extrapolation
consonantique) : 20 6 80 80,
— en cycles chiffrés : 3
60 400 6 5 6 5,
— en Unicode : 0043 004 0056 0046
0045 0046 0045,
— au Scrabble : 3144141 (que ce
soit pour l’édition française, anglaise ou même espagnole !).
Tout
cela me laissa sans voix. J’ai fini par dénicher sur la Toile un forum sérieux
dédié à ce problème de sécurité publique : Covfefe Or Not? (abrégé par les habitués en CON?). Et là, une
révélation ! Les participants étaient des milliers, et pas des
hurluberlus ! Non, des gens logiques, des chercheurs comme moi.
Lorsque
j’y ai appris qu’en gématrie du IIIe millénaire, le mot se déchiffre
27 135 198 54 45 54 45, je n’ai plus eu de doutes ! Il me
fallait persévérer avec l’aide de cette précieuse communauté.
Tout
à cette activité, je ne sortais plus guère de chez moi. Mais ce qui aurait dû
me mettre la puce à l’oreille, c’est lorsque ma voisine est venue m’offrir des
makrouds pour la fin du Ramadan (j’adore les makrouds). Je lui ai arraché l’assiette
des mains et quasiment refermé la porte au nez. Mieux, je suis certain qu’elle
lorgnait par-dessus mon épaule pour s’approprier le secret que j’essayais de percer.
J’ai fixé les pâtisseries, elles avaient un air étrange et une couleur à
l’avenant. Et si elle voulait m’empoisonner ? Car, si cofveve en HTML disait vrai (C 79 86 70 69 70 69), alors tout était possible !
J’ai
pensé à faire construire un mur entre mon jardin et le sien, mais j’ai dû y
surseoir. Le décryptage primait, et sur CON?, les messages prenaient un tour
alarmant, on y parlait de symptômes effrayants. La menace était imminente et
chacun y allait de son interprétation. L’espoir naquit lorsqu’un internaute
crut avoir percé l’énigme par le biais de la graphénoglyptographie, mais il
n’en fut rien. Fort de cette amère déconvenue, j’ai redoublé d’efforts. J’affichais
partout les différentes hypothèses, les chiffres envahissaient mon couloir, les
arcanes tapissaient ma chambre, les symboles la porte de mon frigo.
Finalement,
le jour fatidique arriva. Je me suis levé un matin et, devant ma glace, je n’en
ai pas cru mes yeux. Mes cheveux étaient devenus jaunes, gonflés et permanentés
à la manière d’un Liberace politique ! Immédiatement, j’ai contacté mes
CON?pagnons et découvert l’étendue des dégâts. Je n’étais pas le seul dans mon
cas, d’autres étaient dans un état encore plus avancé. Certains avaient
soudainement une peau rose et huileuse. Les plus atteints postaient des
messages incompréhensibles ; l’un d’eux sentait son cerveau se diluer, l’autre
perdait ses mots à une vitesse effrayante, ne disposant plus que d’un
vocabulaire minimal qu’il tentait de retenir en portant une casquette.
Je
voulais tout abandonner mais le virus était dans le fruit. Que de pommes
pourries en perspective ! J’ai pensé qu’il y avait peut-être un remède,
mais j’ai compris que la maladie était incurable lorsque mon fondement a émis
un pet cataclysmique et que, au lieu d’en être horrifié, j’ai éclaté d’un rire
gras.